Myriam Bouagal Galerie

Après “Réconciliation“* et “Masculin“**, “Transparent“ est la finalité d’un travail sur le corps commencé il y a six ans. Dans une scénographie millimétrée, l’idée est chaque fois de mettre celui-ci en relief, sans retouche ni aucune autre aide que la lumière, dans une société aseptisée, en quête de beauté parfaite, même si elle doit être artificielle. Naked as a landscape… Fractionné, cadré, décalé, le corps dévoile ici sans faux-semblant son vécu, ses histoires, parfois ses blessures, tout comme le permettrait un paysage.

Pour “Réconciliation“, Romain s’était appuyé sur une pigmentation froide, perfusée de références à Jéricho. Lorsqu’il rencontre Marzio en 2012, il décide de superposer son expérimentation au travail du jeune photographe italo-brésilien. Son goût pour les ambiances brutes et pour le noir et blanc se pose naturellement en reflet parfait de celui de Romain, passionné par le jeu des couleurs. Ensemble, ils poursuivent cette recherche sur le corps en se penchant cette fois sur celui de l’homme que tous deux trouvent sous-représenté et/ou traité chaque fois sous un angle traditionnel. Comme pour le corps féminin, ils replacent la masculinité dans une certaine universalité, loin des clichés rebattus. Suivant la même ligne éditoriale, ils choisissent d’exposer des éléments du corps, de montrer un sexe sans agressivité, dans sa pure simplicité.
La méthode de travail est originale : aussi opposés que complémentaires, Romain et Marzio shootent côte à côté et en même temps, chacun dans son style. À partir d’une même ambiance, le résultat offre un contraste saisissant, chaque vision enrichissant naturellement l’autre et montrant comment deux images, prises avec le même cadrage, peuvent se répondre.
Dernier volet de ce triptyque humain et humaniste, “Transparent“ met cette fois en lumière la transsexualité. Sans voyeurisme, les deux artistes veulent montrer cette fascination qu’exerce sur nous tous l’ambiguïté de ce troisième genre, le côté perturbant de voir le corps d’une femme avec un sexe d’homme. Et ainsi, malgré un tabou encore présent et persistant, casser les codes et les clichés encore plus attachés à ce troisième sexe qu’aux deux autres. Suivant leur principe de shooter ensemble tout en restant dans leurs univers respectifs, Romain et Marzio posent ces corps “transsex“ dans une forme de beauté, d’universalité et d’intemporalité. Poussant les limites d’angles et de perspectives, ils invitent une nouvelle fois le visiteur à décou-vrir le corps comme un paysage, à le lire véritablement dans un jeu d’ombres et de lumières, entre une sensualité classique et un contemporain plus brut.
« Il est très difficile de trouver des modèles pour ce genre de travail et d’expérimentation. Mais une fois que le contact est noué, c’est une vraie collaboration qui commence, une vraie complicité qui se crée. C’est aussi à cette confiance que nous ont accordée ces personnalités émouvantes que nous souhaitions rendre hommage en leur offrant une nouvelle visibilité et en montrant, comme c’est déjà le cas en Amérique du Sud et dans certains pays d’Asie, qu’eux aussi possèdent une véritable et entière identité. » R. L. & M.E. V.

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