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Ma place mon corps



On cherche sa place dans le monde. Chacun à sa façon déploie l’énergie, le potentiel, le désir, la volonté, parfois la frustration, pour trouver, gagner, mériter, revendiquer ou usurper sa place dans le monde. Mais la place de chacun, n’est ce pas avant tout son corps ? N’est ce pas la place à partir de laquelle on devrait utiliser son potentiel dans le mouvement, le mouvement en dehors de soi, vers l’autre ?

Je peins le corps qui tend à sortir de soi, qui brise les formes, les contours, les barrières, dans un élan vers l’ailleurs, pour se fondre dans ce qui est autre. Corps qui n’est pas pour autant porté vers la négation de soi, mais qui cherche à se confondre pour mieux se révéler et être soi même. Corps vulnérable duquel giclent des contradictions et des doutes, corps qui prend le risque d’être dans l’instabilité, dans l’erreur, dans les influences.

Le corps que je peins se refugie dans l’abstraction, non pas pour fuir de ce qu’il est, ni pour se cacher derrière une apparence figée, mais parce que l’abstraction est un passage.

C’est dans le corps que résonnent les échos proches et lointains venant des autres, dans l’espoir de mieux nous faire raisonner.

Tana Chaney